Lieux-Communs
axe son attention sur l’art urbain et insère dans la ville des peintures murales,
des interventions artistiques, des œuvres
permanentes, reflets de la
création contemporaine nationale et internationale.
Depuis 2012, trois œuvres ont été réalisées et sont
les bases d’un maillage artistique contemporain de la ville de Namur au
quotidien.
L’artiste polonaise Ania Zuber a peint une fresque en face
de la Bibliothèque de la Ville de Namur et à l’entrée du Jardin du Maïeur. Dans
cette réalisation, le mur a été conçu comme une paroi de verre permettant de
redécouvrir, d’un point précis, deux arbres dans leur intégralité.
Une deuxième
peinture murale a été réalisée à Salzinnes. Originaire de Serbie, l’artiste Gala Caki s’est basée sur sa vision des
paysages urbains, de l’architecture namuroise et de la Citadelle de Namur.
Une troisième
réalisation de Karen Vermeren s’intègre à l’entrée de la salle de spectacle du Forum.
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Alice Janne ( photo de A. De Pierpont) |
Pour cette quatrième intégration artistique urbaine,
l’asbl Lieux-Communs a fait appel à l’artiste Alice Janne dont ce sera la première réalisation permanente en
extérieur.
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Alice Janne - Fresque à Namur |
Née à Namur, diplômée de
l’ERG (Bruxelles), cette jeune artiste a notamment obtenu le prix du public
d’Arts Libre.
Le choix de l’emplacement
s’est rapidement porté sur un espace proche du Beffroi. Ce lieu de grand passage était idéal car situé au
croisement de la galerie commerçante d’Harscamp, du porche qui donne sur la rue
Emile Cuvelier et de la Place d’Armes
La Galerie du Beffroi,
gérée depuis peu par la Ville de Namur et où Lieux-Communs vient de
présenter l’exposition « Le fruit défendu - 9 artistes contemporains
autour d’Evelyne Axell » est également appelée à se renforcer comme lieu
d’attractivité culturelle. Le Beffroi est le seul et unique monument de Namur
classé au Patrimoine Unesco.
« Pour
le moment, la façade choisie est borgne et toutes les fenêtres sont occultées
par des panneaux blancs. Cela donne un caractère un peu sinistre à cette ruelle
qui pourrait être plus joyeuse, d’où notre idée de réaliser cette fresque à cet
endroit-là. Il y a des bancs juste à côté et en face, cela donnerait un
sentiment plus intime, chaleureux et plus culturel à cette impasse, et
apporterait une dimension vivante à cet espace. Je vais composer un univers
avec l’architecture des fenêtres et des portes, en jouant avec divers motifs
colorés basés sur mes archives de papiers et objets récoltés par terre. » Alice Janne
Depuis
2008, Alice Janne ramasse des petits papiers ou objets dans la rue. Elle les
archive et ils constituent sa base de données picturale et sculpturale. Chaque
objet reçoit un numéro et un nom. Ils sont mesurés, classifiés par couleur
(unis, multicolores, avec typographie) et scannés.
L’artiste
explique :« Ces objets me font
signe, cette attirance n’est pas réfléchie, ni maitrisée ça s’est imposé à moi.
J’ai autant été surprise par ces objets que par mon intérêt pour eux. Ce sont
leur(s) couleur(s), leur(s) forme(s) ou leur(s) typographie(s) qui déterminent
le choix de la récolte, ce n’est pas aléatoire mais cela n’est pas régulier non
plus. Il faut qu’ils me touchent à un certain moment ».
En observant le sol, on découvre
l’illisibilité du monde, ses contradictions, son chaos, son refoulé... C’est un
moyen de voir l’évolution de la société par ses traces, de l’industrie par ce
qu’elle rejette.
« Si d’un point de vue esthétique, par le
plaisir de la couleur, on a tendance à associer ma démarche au pop art, elle en
diffère car son origine est la fin du circuit de consommation. Ce sont les
restes qui m’intéressent, ce qui est laissé, ce qu’on ne considère pas. Il est
certain qu’il y a un côté séduisant dans ces aplats de couleurs vives, mais
c’est justement la dualité et l’opposition qu’il y a entre cette dimension de
séduction et la crasse apparente de ces déchets qui est à l’origine de ma
démarche. C’est peut-être d’ailleurs ça que je peins en plus d’eux: cet
étonnement que j’ai de les trouver beaux. S’agit-il d’une sorte de
transmutation ? »
Le processus a une place très importante
dans le travail d’Alice Janne . Il y a différentes étapes dans sa recherche:
récolte, archivage, agrandissement en peinture, mise en espace. L’installation
en est une partie intégrante, le jeu d’associations de couleurs et de formes,
créer un univers ludique voire peut-être
joyeusement critique (à quoi ressembleraient les rues si les déchets prenaient
autant de place ?). Généralement, la composition finale se fait au dernier
moment, en fonction de l’espace disponible : « J’observe le lieu et puis je joue avec ces
formes de couleur et le vide du mur et/ou du sol pour trouver un équilibre, une
structure. C’est l’expression d’une sorte d’archéologie du présent, et par ce
biais, l’art s’inscrit dans le quotidien et évoque notre société ».
Pour ce projet, Lieux-Communs
a souhaité s’associer à l’asbl Gau
qui poursuit également l’objectif de mise en valeur, de développement et de dynamisation du centre urbain de Namur.